Depuis plusieurs décennies, le rapport à la mort et aux morts connaît une véritable mutation dans la société occidentale. Transformations des rites funéraires, notamment sous l’effet de la déchristianisation de l’Occident, diffusion d’un pluralisme religieux, pratiques individuelles en sont les traits les plus marquants. Mais c’est davantage l’acte de mourir, voire la définition même de la mort, qui semblent aujourd’hui changer radicalement.
Cette mutation, profonde, n’est pourtant pas un fait nouveau. Elle n’est que le prolongement d’une autre transformation, plus ancienne, qui a touché l’ensemble du monde occidental dès le XVIIIe siècle, où l’on a commencé à déplacer et éloigner les sépultures à la périphérie des villes. La « transition » – si ce n’est la rupture – qui s’est alors produite en seulement quelques générations est venue bouleverser un régime funéraire qui s’était imposé depuis la fin de l’Antiquité, articulant des espaces destinés aux morts aux lieux sacrés, et faisant cohabiter les vivants et les défunts.
Cet ouvrage vient analyser la manière dont s’est mis en place cet effacement progressif à travers les siècles, en tentant de dresser une histoire longue des rapports entre les vivants et les morts.
- Éditeur : Publications de l’École française de Rome
- Collection : Collection de l'École française de Rome | 613
- Lieu d’édition : Rome
- Année d’édition : 2023
- Publication sur OpenEdition Books : 27 octobre 2023
- EAN (Édition imprimée) : 9782728318001
- EAN électronique : 9782728318018
- Nombre de pages : 624 p.
Première partie. Questions historiographiques
De l’histoire aux sciences sociales : morts, rites et transitionÀ propos de Robert Hertz et d’Arnold Van Gennep
Transitions funéraires, transitions émotionnellesPhilippe Ariès et l’histoire des attitudes devant la mort
Deuxième partie. Vivants et morts dans le monde antique
Des transitions funéraires grecques ?Variabilité et encadrement des pratiques funéraires dans le monde grec archaïque et classique
Des Étrusques aux RomainsMutations des usages funéraires en Étrurie à l’époque de la romanisation
Troisième partie. Vers un régime ecclésial des vivants et des morts
Reliques, sépultures et lieux de culteUn nouveau système de relations entre vivants et morts vers 400 ?
Églises et espaces funéraires ruraux du premier Moyen Âge en GauleRythmes d’une transition vers le cimetière ecclésial chrétien
Quatrième partie. Transformations et crises entre fin du Moyen Âge et première modernité
Un mort bien encadré (I)Le développement iconographique des dalles funéraires et la transformation des rapports entre les vivants et les morts (XIIIe-XVe siècle)
Un mort bien encadré (II)Le tournant du XIIIe siècle et son influence sur l’iconographie
Révolution ou transition ?Réévaluer la rupture protestante réformée dans les pratiques funéraires (Suisse, France, XVIe-XVIIIe siècle)
Cinquième partie. La transition funéraire contemporaine
Entre utopie hygiénique, laïcité et mythe du progrèsLa contribution italienne à la réinvention de l’idée de crémation dans l’Europe du XIXe siècle
Les dynamiques funéraires en situation coloniale(Fin XVIIIe-milieu XXe siècle)
Sixième partie. Une mutation actuelle du rapport à la mort ?
Transformations de la crémationUne perspective britannique du XXe siècle
Un second acte de la transition funéraire contemporaine ?Des années 1970 à nos jours
Les reconfigurations du rapport à la mort et à la fin de vie dans la société française contemporaineDe la ville des morts au cimetière durableTransition vers une écologie funéraire ?
PostfaceLes transformations contemporaines : changement de culture ou de régime funéraire ?
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