Si la présence du handicap dans l’histoire peut sembler un invariant, il
n’en est pas de même de sa perception. En se penchant sur les sources
qui permettent d’aborder une telle question, on remarque très vite qu’en
dehors des restes osseux, que seul le regard d’un anthropologue peut
faire parler, l’historien est confronté à une subjectivité qu’il ne peut
ignorer. Saisir cette subjectivité permet de rendre la perception du
handicap et la condition des êtres qui en sont atteints au sein d’une
société donnée. Le regard de l’autre est l’élément qui conditionne
l’existence d’un individu dans les sociétés anciennes, sa capacité à
être pleinement un homme, notamment pour un citoyen romain, de sa
naissance à sa mort. Dès lors, la répugnance prêtée à la société romaine
pour les atteintes au corps semble être la condition de l’inclusion ou
de l’exclusion des individus dans le corps social, ce qui n’est pas sans
incidences, car « l’œil du spectateur » n’est pas un simple vecteur de
préjugés mais peut donner lieu à des définitions juridiques avec des
répercussions politiques, sociales et religieuses. Le but de ce livre
est d’étudier, en associant à la fois approche historique et démarche
anthropologique, à partir d’un large dépouillement de la documentation
littéraire et archéologique, les perceptions et représentations de
l’atteinte corporelle du ier s. av. n. è. au ive
s. n. è. et leurs évolutions. Il s’agit de dépeindre comment furent
considérées et assistées les personnes concernées, à Rome et dans le
monde romain, au travers de problématiques qui, pour certaines, sont
toujours d’une saisissante actualité dans les sociétés contemporaines.
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