C’est au printemps 1929 que commencèrent les
fouilles régulières de la mission alors dirigée par Claude Schaeffer,
avec la collaboration de Georges Chenet, au mois d’avril à Minet
el-Beida, puis, dès le 9 mai, dans la région la plus élevée du tell de
Ras Shamra, où les fouilleurs découvrirent les vestiges de l’antique
Ougarit et de son port principal.
La même année, la revue Syria publiait les contributions des acteurs de ces premières découvertes.
Nous devons à Léon Albanèse, un collaborateur de Charles Virolleaud qui
dirigeait le Service des Antiquités en Syrie et au Liban, la première
description du site portuaire de Minet el-Beida :
« Cette anse a suffisamment d’eau pour
abriter les bateaux d’un certain tonnage et possède en outre une plage
de sable fin permettant de tirer au rivage des embarcations légères. Un
ruisseau d’eau douce, le Nahr el-Fidd se jette à la mer au sud de la
crique. Il est évident que ces lieux, favorisés par la nature, ont dû
être fréquentés par les marins dès les âges les plus reculés. D’abord
simple point de relâche avec aiguade, un comptoir d’échange s’y éleva
par la suite, précurseur lui-même d’établissements plus considérables »
(L. Albanèse 1929)
.
et à Claude Schaeffer, l’arrivée sur place :
« nous nous rendions à Minet-el-Beida,
le 30 mars 1929, avec une caravane de 7 chameaux portant nos bagages,
les routes et pistes étant à ce moment impraticables à l’auto. Nous
profitions des journées de Pâques pour installer notre camp et pour
prospecter le site, où nous avions bientôt recueilli sur un rayon de
plusieurs kilomètres des traces d’occupation depuis l’âge néolithique
(…) jusqu’à l’époque romaine ».
et la découverte des premières tablettes en écriture cunéiforme alphabétique, inconnue alors :
« Il s’agit d’une vingtaine de
tablettes environ, dont la plus petite mesure 3 x 4, la plus grande 16 x
21 cm., taille exceptionnelle. Suivant M. Charles Virolleaud à qui je
les ai soumises, la plupart de ces tablettes présentent un type
d’écriture nouveau et sont pour l’instant indéchiffrables. »
et déchiffrée dès l’année suivante.
Fouilles sur le tell de Ras Shamra (Mission de Ras Shamra, fonds Schaeffer, Collège de France).
Tablette RS 12.063 : abécédaire en ougaritique (Musée national de Damas)
À
l’issue de la première campagne, René Dussaud, conservateur au Louvre,
concluait déjà, en se fondant sur l’analyse de la documentation
archéologique, sur :
« la diversité des populations qu’on
rencontrait à Ras Shamra au cours de la seconde moitié du deuxième
millénaire » avant notre ère.
L’année 2019 a été l’occasion de dresser un
bilan de la longue tradition d’études pluridisciplinaires portant sur la
documentation issue de l’exploration du site de Ras Shamra depuis neuf
décennies et de souligner le dynamisme de la recherche par l’étendue des
enquêtes à mener, des voies à explorer, des approches à développer.
En 2022
La réalisation de nouvelles vidéos
La mise en ligne de dossiers thématiques : Le Palais royal d’Ougarit, L’eau à Ougarit
Un volume collectif dans la série RSO
« Le
caveau était rempli de terre jusqu’à la voûte… Elle avait pénétré dans
le caveau par un trou pratiqué dans la voûte par des violateurs qui
avaient visité et pillé la tombe très anciennement… Mais dans la hâte
avec laquelle ils semblent avoir opéré, ils n’avaient pas bien exploré
les coins du caveau où nous trouvions… une pyxide ovale en ivoire dont
le couvercle porte une fort belle sculpture. Elle représente une déesse
assise sur un autel, le torse nu, vêtue d’une ample jupe, tenant dans
les mains des épis et flanquée de deux boucs dressés sur leurs jambes
postérieures… Je ne puis ici entrer dans la discussion de cette curieuse
représentation de la potnia thérôn qui trahit nettement le style
mycénien et qui est comparable à l’ivoire, incomplet celui-ci, du Musée
d’Athènes, trouvé par Tsuntas à Mycènes même. »
L’ouvrage
Ougarit, un anniversaire, bilans et recherches en cours (Ras Shamra –
Ougarit XXVIII), édité grâce au soutien du Ministère de l’Europe et des
Affaires étrangères, de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres et
de la Fondation Hugot du Collège de France, rassemble vingt-cinq
contributions.
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