ENIM: Égypte nilotique et méditerranéenne
ISSN 2102-6629
ENiM est la première revue française numérique d’égyptologie. Elle est l’expression des activités de l’équipe « Égypte nilotique et méditerranéenne » de l’UMR 5140, « Archéologie des sociétés méditerranéennes ». Elle accueille aussi les travaux des autres membres de la communauté égyptologique internationale.
Elle publie des travaux portant sur tous les aspects de l’Égypte ancienne, de la préhistoire à la période copte.
ENiM a pour vocation de devenir un relais privilégié de la diffusion des connaissances de l’égyptologie grâce aux facilités et à la très grande accessibilité fournies par les Nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC).
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ENiM est un périodique annuel composé de l’ensemble des articles successivement mis en ligne au cours de l’année, le volume annuel étant clos en fin d’année civile
ENiM 17 - 2024 (ISSN 2102-6629)
Sommaire
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1-44Sydney H. AufrèreCette enquête à nouveaux frais aborde, sous un éclairage anthropozoologique, le paradoxe relatif au comportement polarisé des Égyptiens vis-à-vis des crocodiles sauvages et des crocodiles apprivoisés. Ces différences d’attitudes ne reposent pas sur une opposition entre les deux espèces indistinctement réparties dans toute l’étendue de la basse vallée du Nil – Crocodylus niloticus LAURENTI, 1768 et Crocodylus suchus HEKKALA et al., 2011 –, même si une pression de la première espèce s’est exercée sur la seconde, laquelle représente l’essentiel des momies de crocodiles. Le portrait de la situation que dressent différents auteurs (Hérodote, Diodore de Sicile, Strabon, Élien, Philon d’Alexandrie), sans tenir compte des deux espèces attestées, est corroboré non seulement par l’étude de la documentation archéologique égyptienne, mais aussi par deux approches anthropologiques dans deux contrées différentes dont les habitants partagent des territoires avec Crocodylus niloticus LAURENTI, 1768. En Afrique de l’ouest, en particulier au Mali, chez les Dogons, qui opposent crocodiles inoffensifs ou sacrés et dangereux ou « ordinaires » avec des conséquences sur le quotidien des habitants ; à Madagascar, où les situations régionales, fortement contrastées, font apparaître un culte aux ancêtres, des aspects judiciaires (ordalies), des vengeances divines. La comparaison de la situation égyptienne avec celles de l’ouest africain et de Madagascar permet de mieux cerner les différences de comportements des riverains de la vallée du Nil selon que leurs crocodiles y sont honnis et massacrés (Tentyris = Dendara, Apollinopolis = Edfou, Éléphantine) ou sacrés et vénérés (Ma’abda = Samoun, Ombos = Kôm Ombo, Antaeoplis-Qaou el-Qébir, Chénosbokion, Coptos, Crocodilopolis-Soumenou = Gebelein, lac Moéris, Arsinoé-Crocodilopolis), mettant en relief des croyances et des interdits régionaux.
This fresh investigation takes an anthropozoological look at the paradox of Egyptians' polarized behavior towards wild and tame crocodiles. These differences in attitude are not based on an opposition between the two species indiscriminately distributed throughout the lower Nile valley—Crocodylus niloticus LAURENTI, 1768 and Crocodylus suchus HEKKALA et al., 2011–even though the former exerted pressure on the latter, which accounted for the bulk of crocodile mummies. The picture painted by various authors (Herodotus, Diodorus Siculus, Strabo, Elian, Philo of Alexandria), regardless of the two attested species, is corroborated not only by the study of Egyptian archaeological documentation, but also by two anthropological approaches in two different regions whose inhabitants share territories with Crocodylus niloticus LAURENTI, 1768. In West Africa, particularly in Mali, among the Dogons, who contrast harmless or sacred crocodiles with dangerous or “ordinary” crocodiles, with consequences for the daily lives of the inhabitants; in Madagascar, where regional situations are highly contrasted, revealing ancestor worship, judicial aspects (ordalies) and divine vengeance. A comparison of the Egyptian situation with those of West Africa and Madagascar provides a clearer picture of the differences in the behavior of people living along the Nile Valley, depending on whether their crocodiles are reviled and massacred (Tentyris = Dendara, Apollinopolis = Edfou, Elephantine) or sacred and venerated (Ma‘abda = Samun, Ombos = Kom Ombo, Antaeoplis-Qaou el-Qebir, Chenosbokion, Coptos, Crocodilopolis-Sumenu = Gebelein, Moeris lake, Arsinoe-Crocodilopolis), highlighting regional beliefs and bans.
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45-51Radwa El-kemalyLe chapitre 125B du Livre des Morts reflète certaines des pensées religieuses et éthiques les plus profondes des anciens Égyptiens concernant l’au-delà. Le défunt y déclare son innocence par quarante-deux déclarations d’innocence aux juges du tribunal du l’au-delà en s’adressant à chacun d’eux par son nom et en mentionnant le lieu auquel il est lié. Cette formule s'appelle « Confession Négative ». Ce sort est crucial pour le défunt pour être absous et admis dans le royaume d’Osiris. Bien que la plupart des sources citent deux représentations des juges du tribunal, anthropomorphique ou hybride, le papyrus de Imn-?tp (BM EA10489) représente tous les juges sous la forme de serpents. Cet article traite de l’objectif magique et religieux de ces apparitions inhabituelles des juges des morts.
Spell 125B of the Book of the Dead reflects some of the most profound religious and ethical thoughts ancient Egyptians had that pertain to the afterlife. In this spell, the deceased declares their purity through forty-two claims to the court judges of the Netherworld by addressing each one of them by their name, and the place to which they are connected, while denying having committed any specific sin. This formula is called “Negative Confession”. This spell is crucial to the deceased for them to be absolved and admitted into the realm of Osiris. Although most sources cite two depictions of the court judges: anthropomorphic or hybrid, the Papyrus of ’Imn-?tp (BM EA10489) portrays all judges in the form of snakes. This paper discusses the magical and religious purpose of these unusual appearances the judges of the dead had.
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53-54Maxim PanovCette contribution est consacrée à une inscription d’un fragment de stèle du Musée du Louvre, laquelle qui peut être considéré comme le troisième monument de Taimouthes, épouse du grand prêtre de Ptah de Memphis, Psenptais, décédée en 42 av. J.-C. Le début préservé de l’inscription consigne ses dates de naissance et de mariage.
The current paper is devoted to the inscription on the fragment of the stela from the Louvre Museum collection, that could be attributed as the third monument with the biography of Taimhotep, a wife of the Memphite high priest Pasherenptah, died in 42 BC. The preserved beginning of the hieroglyphic inscription contains the dates of Taimhotep’s birth and marriage.
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55-59Stefan BojowaldCette contribution consacre une attention particulière à la faiblesse de la consonne égyptienne « b ». Le phénomène est connu depuis au moins un demi-siècle. Le nombre d’exemples est ici augmenté de manière significative. On constate que la perte du « b » peut se trouver à n’importe quel endroit d’un mot.
This contribution devotes special attention to the weakness of the Egyptian consonant “b”. The phenomenon has been known for at least half a century. Here, the number of examples is increased significantly. It is found that the loss of “b” can be encountered at any position in the word.
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61-81Robert Steven BianchiCet essai propose une approche révisionniste de l’histoire de l’art de la période ptolémaïque en mettant les historiens de l’art au défi de réviser la méthode scientifique qu’ils ont choisie. En effet, des lacunes ont été relevées par une critique de l’évaluation initiale proposée par Gaston Maspero à propos de la statue de Hor. Cette dernière étant considérée comme un exemple d’une prétendue école mixte. Du reste, ce défi est soutenu par des discussions plus récentes sur la nature de la culture de l’Égypte ptolémaïque elle-même fondée sur des considérations historiques et papyrologiques. L’essai passe ensuite en revue un certain nombre d’études de cas corroborant sa position et il conclut en préconisant l’adoption des appellations de Karl Richard Lepsius pour les périodes postérieures à la XXXe dynastie.
This essay recommends a revisionist approach to the history of the art of the Ptolemaic Period by challenging art historians to revise their chosen scientific method, the short-comings of which are emphasized by a critique of Gaston Maspero’s initial assessment of the statue of Hor as an exemplar of an alleged mixed school. That challenge is supported by more recent discussions of the nature of the culture of Ptolemaic Egypt based on historical and papyrological considerations. The essay then passes in review a number of case studies in support of its position and concludes by advocating the adoption of Karl Richard Lepsius’s designations for the periods after Dynasty XXX.
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83-99Maxim PanovL’article est consacré aux documents comportent les copies du décret synodal de 196 av. J.-C. de la pierre de Rosette des archives de J.G. Wilkinson conservées à la Bibliothèque Bodléienne. Les feuilles contiennent deux copies de textes hiéroglyphiques et grecs avec la traduction anglaise de la version grecque. Le texte hiéroglyphique est tiré de la publication de S. Sharpe et probablement agrandi. La traduction anglaise de l’inscription grecque est copiée de l’édition de W.R. Hamilton et commentée par J.G. Wilkinson.
The article is devoted to the papers with the copies of the synodal decree of 196 BC from the Rosetta stone in J.G. Wilkinson’s archive kept in the “Bodleian Libraries”. The sheets contain two copies of hieroglyphic and Greek texts with English translation of the Greek version. ?ne hieroglyphic text is drawn from S. Sharpe’s publication and probably enlarged. The English translation of the Greek inscription is copied from W.R. Hamilton’s edition and commented by J.C. Wilkinson.
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101-127Dániel VargaDepuis sa première publication par R. Parker, le papyrus oraculaire de Brooklyn (P. Brooklyn 47.218.3) a longtemps été utilisé comme source principale pour les études socio-culturelles visant à identifier les dignitaires thébains des 25e-26e dynasties et à reconstituer leurs généalogies. En revisitant son texte d’oracle, la présente étude traite les circonstances de la consultation oraculaire et de son résultat puisque la pétition publique porte sur un transfert de service du culte d’Amon à celui de Montou, c’est-à-dire les deux divinités les plus importantes de Thèbes et sa région. Une attention particulière est attachée au toponyme Iwnw-Sma, désignant clairement le temple de Montou à Ermant et non à Karnak, ainsi qu’à d’autres sources contemporaines appartenant au personnel hermonthite du dieu.
Since its first publication by R. Parker, the Saite Oracle Papyrus (P. Brooklyn 47.218.3) has long been used as a primary source for socio-cultural studies aiming at identifying Twenty-fifth and Twenty-sixth Dynasty Theban dignitaries and reconstructing their genealogies. By revisiting its main oracle text, the present study focuses on the circumstances of the oracular consultation and its outcome since the public petition is concerned with a transfer of service from the cult of Amun to that of Montu, i.e. the two most prominent deities of Thebes and its surroundings. Particular attention is paid to the toponym Iwnw-Sma, clearly designating the temple of Montu at Armant and not in Karnak, as well as other contemporary sources belonging to the personnel of the god at Armant.
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129-134Maëva GervasonDepuis sa création au sein du palais des archevêques en 1833, le musée de Narbonne a constitué une collection d’antiquités égyptiennes, aujourd’hui en grande partie inédite. Le présent article vise à détailler l’histoire de la collection pour débuter la publication du catalogue des antiquités égyptiennes de l’actuel Palais-Musée des archevêques de Narbonne. L’introduction historique met en valeur deux phases dans l’histoire de la collection : la politique d’acquisition volontariste du XIXe siècle qui permis la constitution d’un premier ensemble, puis l’enrichissement de la collection au XXe siècle par des dons ponctuels, notamment le legs de l’égyptologue narbonnais Hippolyte Boussac.
The Narbonne Museum has assembled a collection of Egyptian antiquities since its creation in the Archbishop's Palace in 1833, most of which has never been seen before. This article introduces the history of the collection and initiate the publication of the catalogue of the Egyptian antiquities in the Archbishop's Palace-Museum of Narbonne. The historical introduction highlights two phases in the history of the collection: the voluntarist acquisition policy of the 19th century, which led to the creation of the first collection, and the enrichment of the collection in the 20th century through occasional donations, notably the bequest of the Egyptologist Hippolyte Boussac.
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135-159Emanuele CasellaBastet a été représentée jusqu’à la Basse Époque comme une lionne en raison de son lien théologique avec Sekhmet. Ensuite la déesse prend la forme d’une chatte alors que sa fonction protectrice devient prédominante dans le culte de Delta. Ce changement est surtout visible dans les ex-voto (bronzes de chat ou lionne, statuettes de Bastet avec le sistre et l’égide...) que les Égyptiens offrent dans les temples de Bastet pour demander la protection des femmes enceintes et des enfants. À l’époque gréco-romaine, la popularité du culte de Bastet a conduit à l’augmentation de la production de ces objets votifs que les ateliers grecs locaux ont réélaborés avec une iconographie et un style (des félines) plus « réaliste ». Puis l’image du chat et du lion s’est répandue dans toute la Méditerranée comme symbole de la déesse hellénisée Isis-Boubastis. Dans cet article, l’iconographique des deux principales classes d’ex-voto à Bastet / Boubastis d’époque gréco-romaine, les statuettes de chat et de lion, sont analysées pour montrer la différence de représentation entre les deux félins (détails du corps, du museau, des oreilles, de la posture) et le changement iconographique entre les productions ptolémaïque / romaine et pharaoniques. En outre, une attention particulière est portée à certains types de statuettes où les félins sont figurés avec des attitudes dotées d’une signification symbolique et religieuse relative au culte de Boubastis à l’époque gréco-romaine ; par exemple, les statuettes de chats allaitant des chatons, emblème de la protection des enfants par la déesse.
Until the Late Period, Bastet was represented as a lioness because of her theological link with Sekhmet. Then the goddess took the form of a cat, as her protective function became predominant in the Delta; this change can be seen, above all, in the ex-votos (bronzes of cats or lions, statuettes of Bastet with sistrum and aegis, etc.) that the Egyptians offered in the temples of Bastet to ask for protection for pregnant women and children. In the Greco-Roman period, the popularity of the cult of Bastet led to an increase in the production of these votive objects, which local Greek workshops reworked with a more “realistic” iconography and style (of felines). The image of the cat and lion then spread throughout the Mediterranean as a symbol of the Hellenised goddess Isis-Boubastis. In this article I analyse the iconography of the two main classes of ex-voto to Bastet / Boubastis from the Greco-Roman period, the cat and lion statuettes, to show the difference in representation between the two felines (details of the body, muzzle, ears, posture) and the iconographic change between Ptolemaic, Roman and pharaonic productions. In addition, I focus on a certain classes of statuette in which felines are represented with attitudes and behaviour that have symbolic and religious significance in the cult of Boubastis, for example, the statuettes of cats suckling kittens, an emblem of the goddess’s protection of children.
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161-170François PietriLors d’une cérémonie officielle qui eut lieu le 1er mars 1924 à Paris, le roi Fouad Ier d’Égypte offrit à la mémoire du Soldat inconnu un arc de triomphe en forme de porte de temple pharaonique. L’objet orignal fut ensuite reproduit en deux modèles réduits agrémentés d’une inscription en hiéroglyphes composée par Georges Bénédite, conservateur des antiquités égyptiennes du Louvre. Ces objets et cette inscription inédite sont ici présentés.
On March 1, 1924 at an official ceremony in Paris, King Fouad I of Egypt offered a triumphal arch in the shape of the door of a pharaonic temple in memory of the Unknown Soldier. Two scale models were then manufactured from the original object, decorated with an inscription in hieroglyphs which was composed by Georges Bénédite, Curator of Egyptian antiquities at the Louvre. These objects and this unpublished inscription are presented here.
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171-181Frédéric ServajeanAnalyse lexicographique des mots tAw.t / tAy.t, TAw.t et HtAw, « voile » (d’un bateau).
Lexicographic analysis of the words tAw.t / tAy.t, TAw.t and HtAw, “sail” (of a boat).
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183-200Frédéric ServajeanAnalyse lexicographique des mots xft-Hr, « étai », HA-TAw, « pataras », et nfw, « hauban ».
Lexicographic analysis of the words xft-Hr, « forestay », HA-TAw, « backstay », and nfw, « shroud ».
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201-213Frédéric ServajeanAnalyse lexicographique des mots xt-TAw, « mât » (doté de tous les éléments du gréement), xt « mât » (doté uniquement des manœuvres dormantes), jbw, « drisse », et TAw, « voile » (dotée de ses vergues et des manœuvres courantes).
Lexicographic analysis of the words xt-TAw, “mast” (with all the rigging elements), xt “mast” (only with standing riggings), jbw, “halyard”, and TAw, “sail” (with its yards and running riggings).
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